Le shitt et moi
Pour avoir passé mon adolescence dans une ville bourgeoise où nombre
de copains avaient toutes sortes de drogues à me proposer, pour avoir
vu certains d'entre eux repartir d'une fète en samu (c'était presque
systématique), et surtout par fierté, pour ne pas me rendre minable,
j'ai toujours eu la force de refuser. Une force de caractère qu'en tant
qu'adulte, je regrette souvent.
J'ai eu envie d'essayer bien plus
tard, un soir de campement entre étudiants, et ça m'a mis dans un état
d'illarrité à ne plus pouvoir m'arêter, rigolo mais pas transcendant.
Ma rencontre avec le shitt a eu lieu à l'âge de 38 ans (vous y croyez ?)
C'est
le seul moyen que j'ai trouvé pour supporter le dc de ma soeur. Le
moyen qui était à ma portée, puisque je sortais avec un type qui fumait
tous les soirs. Il y a eu des délires étranges, comme lorsque qu'il
s'est mis à répondre à voix haute aux questions que je me posais
mentalement, sans mot dire. Mais la plus part du temps, il faisait des
monologues et moi je m'imaginais qu'il me comprenait.
Je crois que
toute rencontre a un sens dans notre existance, que sa présence à ce
moment là n'est pas complètement hasardeuse. Je n'avais pas les moyens
(pratique et financier) de m'en procurer, je ne savais mm pas comment
on fait un join. LOL
Si
bien que lorsque je l'ai quitté, j'ai arêté imédiatement. Je savais que
si je m'embarquais là dedans je ne me releverai plus (de tout le reste).
J'ai même eu la chance de ne pas perdre mon job, car il est évident que ça se voyait.
Mes
habits devaient empester, puisque je passais chaque soir chez lui après
être allé d'abord me changer pour repartir de chez lui directement
aller bosser le lendemain. Sans parler des pupilles dilatées. Lui avait un "truc" pour pas que ça se voit.
Ca fait du bien de raconter tout ça, même si c'est un peu loin maintenant.
Je
ne sais pas si c un bon exemple pour ma nièce, j'espère qu'elle aura la
force comme nous l'avons eu ados, de ne pas nous laisser aller à cette
misère.
C "marrant" que je me soit laissé ratrappé en tant qu'adulte ...
Avant
celà ce garçon m'avait étonné d'abord par la quantités de J&B qu'il
versait dans le coka. Au point qu'un jour à L'Alcazar nous avions
demandé au serveur de nous remettre de l'alcool dans notre cocktail qui
nous semblait léger.
On était d'ailleurs ressortit minables ce jour là, la honte !
J'avais
un peu de mal à suivre, d'autant que ce garçon n'avait pas de soucis
d'argent, qu'il consacrait en grande partie à ses sorties. En
compensation, il me demandait régulièrement de passer à l'épicerie avant de monter,
acheter une bouteille de J&B.
Je
pensais surtout qu'il devait
avoir un peu honte vis à vis de l'épicier, et comme j'avais aussi
beaucoup de compassion mélée d'affection pour lui, payer l'alcool
n'était pas seulment un moyen de ne pas le laisser m'entretenir, je ne
me sentais pas le droit d'imposer surtout.
Moi je ne
mélangeais pas, j'avais eu un "mauvais trip" comme on dit et pas envie
de refaire, et il vidait le litre en deux jours. Je l'accompagnais les
soirs où on ne fumais pas.
Je crois que je serais devenue
dépendante, et le jour où je l'ai quitté je me suis remise à la clope
quelques mois, décidant que je ne ferai rien pour trouver un deeler. C
ce qui m'a sauvé.
Pour l'alcool, j'ai remarqué rapidement que j'étais irritable, et que mon entourage en souffrait. Lui aussi je crois.
A moins que ce soit moi qui lui renvoyait une image pas très cool de ce que nous étions devenus ...
Il m'a demandé de l'aider à arrêter. Il pensait sincèrement avoir un problème avec l'alcool.
Quant
à moi j'ai eu la chance de ne pas être devenue dépendante. J'ai lu
suffisament de choses par rapport à l'alcool depuis pour savoir que
nous ne sommes pas tous égaux devant la dépendance. Et sachant celà je
respecte chaque personne et son problème. Je n'ai jamais jugé, je ne le
voulais pas, ni fliquer d'ailleurs.
Mais je me suis trouvée mal le
jour où j'ai porté un verre de l'évier à mes narines pour sentir s'il
y a avait eu du wisky dans le coka. Je l'ai laché aussitôt ce qui l'a
brisé. C à ce moment là que j'ai compris que j'avais présumé de mes
forces en croyant pouvoir l'aider à arêter. Il faut laisser celà aux
spécialistes.
Et puis, j'étais moi même si fragile ...
mais
j'aime beaucoup ma nièce, j'ai trouvé qu'elle avait vécu assez de
choses difficiles (ma mère aussi d'ailleurs) et si j'ai stoppé toute
consommation excessive, c'est pour elle et grace à elle. Et je pense que j'ai beaucoup
de chance d'avoir pu réagir ainsi. :)